Portrait du pianiste Frédéric Chopin

Mes chers lecteurs,

Dans cet article, nous allons aborder très certainement l’un des pianistes compositeurs le plus joué et apprécié à travers l’hexagone, Frédéric Chopin.
Frédéric Chopin est un pianiste à part entière, un artiste aux mille couleurs qui ne cesse de nous éblouir par son répertoire infiniment subtil et riche en émotion.

Frédéric Chopin, un pianiste français ou polonais ?

Sa mère

Sa mère, Tekla Justina Krzyzanowska, est originaire de Pologne. Elle joue du piano et sait chanter d’une voix « soprano ».
Orpheline recueillie par une comtesse, la future mère de Frédéric Chopin sera intendante dans un très beau domaine et s’occupera des domestiques et des fermiers au service de celle-ci.

Son père

Son père, Nicolas Chopin, est fils de paysan. Né en Lorraine (France), son éducation est assurée par une famille noble Polonaise. Émigré en Pologne à l’âge de seize ans, Nicolas Chopin a su parfaitement s’intégrer à son nouveau pays ; il y connait une ascension sociale dans la bourgeoisie intellectuelle, et deviendra par la suite professeur de Français à l’école militaire.

Les années Polonaises

Après la naissance de Frédéric Chopin en 1810 à Zelazowa Wola, la famille déménage à Varsovie ; ils logent dans un premier temps dans l’ancien palais de Saxe qui abrite un lycée pour les fils des riches familles terriennes.
A cette période, le piano est un instrument en vogue en Pologne ; la famille Chopin ne tardera pas à en faire l’acquisition.
La mère de Chopin jouera des danses populaires et des compositeurs locaux polonais.
Les enfants de la famille joueront très tôt du piano y compris Frédéric Chopin.

Les mains de Frédéric Chopin sur le Piano

Le toucher délicat de Frédéric Chopin est bien particulier et n’est en aucun cas dû au hasard ; son désir formel de nuancer d’une façon toute particulière lui est propre.
Chopin a sa propre vision de la technique pianistique ; de plus, il est très rigoureux aux doigtés qu’il recommande pour ses élèves. Il disait que « chaque doigt a sa propre sonorité ».
Le doigté n’est pas à prendre à la légère ; afin d’avoir un phrasé parfaitement exécuté, le choix du bon doigt au bon moment sera indispensable au bon déroulement du texte musical.

«…le but n’est pas de savoir jouer tout dans son égal. Il me semble d’un mécanisme bien formé de savoir bien nuancer une belle qualité de son. On a longtemps agi contre nature exerçant les doigts à donner de la force égale. Chaque doigt étant conformé différemment, il vaut mieux ne pas chercher à détruire le charme du toucher spécial de chaque doigt, mais au contraire le développer.
Chaque doigt a de la force selon sa conformation:
le pouce, la plus grande comme étant le plus gros, le plus court et le plus libre,
le cinquième comme formant l’autre extrémité la main,
le troisième comme milieu et point d’appui,
le second après et puis
le quatrième, le plus faible, celui qui est le siamois du cinquième, lié à lui par un même ligament, et que l’on veut à toute force détacher chose impossible et, dieu merci, inutile. Autant de différents sons que de doigts, le tout, c’est de savoir bien doigter.
Hummel a été le plus savant à ce sujet.
Comme il faut utiliser la conformation des doigts, il faut non moins utiliser le reste de la main, c’est à dire le poignet, l’avant-bras. Il ne faut pas vouloir jouer tout du poignet, comme Kalkbrenner prétend.»

Selon Les dires de Chopin d’après une Esquisse pour une méthode de piano.
Je tiens à mentionner que son ami Franz Liszt était un fervent admirateur de la technicité et du touché de Frédéric Chopin ; à son égard il s’exprimait ainsi :

« Vapeur amoureuse, rose d’hiver »

ou encore

« Par la porte merveilleuse, Chopin faisait entrer dans un monde où tout est miracle charmant, surprise folle, miracle réalisé. Mais il fallait être initié pour savoir comment on en franchit le seuil ».

Chopin fut le précurseur du « Rubato » ce qui signifie en italien temps dérobé.
Les feuilles de l’arbre au vent se réveillent, ondulent, s’agitent au mouvement circulaire du vent ; en revanche, le tronc lui reste de marbre, il soutient le poids général.
Un mouvement de phrase romantique qui laisserait libre cours à l’expression du phrasé tout en gardant une pulsation.
Un peu comme une sorte d’ondulation, une singularité qui lui permettra également d’être reconnaissable immédiatement.

Chopin et la technique du piano

En 1831, Frédéric Chopin est professeur de piano à Paris rue Pigalle, voici son idée de l’enseignement du touché :

«Je soumets à ceux qui apprennent l’art de toucher du piano des idées pratiques bien simples que l’expérience m’a démontré être d’une utilité réelle. L’art étant indéfini dans ses moyens limités, il faut que son enseignement soit limité par ses moyens pour être exercé comme infini. On a essayé beaucoup de pratiques inutiles et fastidieuses pour apprendre à jouer du piano, et qui n’ont rien de commun avec l’étude de cet instrument. Comme qui apprendrait par exemple à marcher sur la tête pour faire une promenade. De là vient que l’on sait plus marcher comme il faut sur ses pieds, et pas trop bien non plus sur la tête.
On ne sait pas jouer la musique proprement dite, et le genre de difficulté que l’on pratique n’est pas la difficulté de la bonne musique, la musique des grands maitres. C’est une difficulté abstraite, un nouveau genre d’acrobatie. Il ne s’agit pas ici de théories plus ou moins ingénieuses, mais de ce qui va droit au but et aplanit la partie technique de l’art ».
« La dernière chose c’est la simplicité. Après avoir épuisé toutes les difficultés, après avoir joué une immense quantité de notes et de notes, c’est la simplicité qui sort avec son charme, comme le dernier sceau de l’art. Quiconque veut arriver d’emblée à cela n’y parviendra jamais ; on ne peut commencer par la fin .»

Chopin avait pour habitude de recommander à ses élèves de laisser tomber légèrement leurs doigts, et de tenir leur main en l’air et sans nulle pesanteur, de plus faire des gammes avec une légère accentuation sur les doigts trois ou quatre.
En ce qui concerne les pulsations et la mesure, Chopin était très dur avec ses élèves, il avait pour coutume de dire :

« Que votre main gauche soit votre maitre de Chapelle, et la main droite Ad libitum (à volonté) ».

Malheureusement, Chopin ne laissera aucune méthode écrite, seulement des témoignages du passé de ses élèves.
Les seules traces que nous avons de Frédéric Chopin avec ses élèves sont des parties écrites pour lui-même lorsqu’il jouait avec ses élèves.
D’après certains témoignages, Chopin avait trouvé ce qui était pour lui la « position normale » au piano en jetant légèrement ses doigts sur le piano, afin d’obtenir un mouvement des plus « natures » .
Appuyer le « mi », le « fa dièse », le « sol dièse », le « la dièse », le « si » ; pour vous faire plus simple, positionner votre main comme si vous étiez en train de jouer la gamme de si majeur en partant du quatrième degré (mi), cela permettrait l’égalité et l’indépendance des doigts selon Frédéric Chopin.

Une phrase résume assez bien l’esprit de Chopin, son caractère et son oeuvre, qui sont tout un. Elle est de sa plume, dans une lettre écrite à son ami d’enfance Julian Fontana :

« Porte en ton âme une bombe si tu veux, mais que nul ne s’en aperçoive à ta mine.« 

Tous les pianistes qui ont des velléités de jouer Chopin devraient lire et relire cette phrase, la digérer et la garder au fond de leur coeur.

Je souhaiterais vous faire part des dires d’André Gide dans ses Notes sur Chopin :

« Le tissu est slave, la coupe est Française« .
Ainsi le Rubato, cette manière de ralentir ou d’accélérer, de « voler » puis de rendre du temps à la musique, n’est pas là pour que l’interprète s’adonne à sa fantaisie, mais pour offrir un peu d’air à l’habit, afin qu’il paraisse naturel et fluide.

Je tiens à mentionner que le terme « Rubato » signifie en Italien temps dérobé.

Franz Liszt disait :

« Regardez ces arbres, le vent joue dans les feuilles et les fait ondoyer, mais l’arbre ne bouge pas. Voila le rubato chopinesque.« 

Les compositions de Chopin

Selon les dires et les témoignages de ses amis, chaque œuvre que le pianiste composa fut spontanée.
Frédéric Chopin commence les fondations de ses ouvrages généralement au piano, l’étincelle initiale surgissant généralement en été.
À partir de cette prémisse, Chopin commence un long travail de perfectionnement harmonique mais aussi mélodique.
George Sand avait pour habitude de dire qu’elle appréciait tour particulièrement l’aspect de Chopin à ce moment précis de son travail :

« Il s’enfermait dans sa chambre des journées entières, pleurant, marchant, brisant des plumes, répétant ou changeant cent fois une mesure, l’écrivant, l’effaçant autant de fois que nécéssaire et recommençant le lendemain avec une persévérance minutieuse désespérée. Il passait six semaines sur une page pour en revenir à l’écriture telle qu’il l’avait tracée du premier ».

Je tiens à mentionner que Frédéric Chopin a principalement écrit pour piano, même si il donnera naissance à deux sublimes concertos à tout juste vingt ans.
Dans cet ouvrage, le compositeur privilégiera considérablement l’écriture pianistique au détriment de l’ensemble dont celui-ci sera au second plan dans le but de servir et mettre en lumière les envolées lyriques pianistiques et flamboyantes dont Chopin sait si magnifiquement maniées.
Chopin a composé de nombreuses pièces pour piano, en voici la liste :

– Classées par opus

Op. 1 – Rondo en ut mineur (1825)
Op. 2 – Variations pour piano et orchestre sur Là ci darem la mano de Don Giovanni de Mozart en si bémol majeur (1827)
Op. 3 – Introduction et polonaise pour violoncelle et piano en ut majeur (1829)
Op. 4 –Sonate pour piano n°1 en ut mineur(1828)
Op. 5 – Rondeau à la Mazur en fa majeur (1826)
Op. 6 – Quatre mazurkas (1830)
Op. 7 – Cinq mazurkas (1830)
Op. 8 – Trio pour piano, violon, et violoncelle en sol mineur (1829)
Op. 9 – Trois nocturnes 1830)
Op. 10 –Douze études (1830) – dédiées à Franz Liszt
Op. 11 – Concerto pour piano et Orchestre n°1 en mi mineur(1830)
Op. 12 – Introduction et variations brillantes sur « Je vends des scapulaires »
Op. 13 – Fantaisie pour piano et orchestre sur des airs polonais (1829)
Op. 14 – Rondeau à la Krakowiak pour piano et orchestre en fa majeur (1831)
Op. 15 – Trois nocturnes (1831)
Op. 16 – Introduction et rondeau en mi bémol majeur (1832)
Op. 17 – Quatre Mazurkas(1831)
Op. 18 – Grande valse brillante en mi bémol majeur (1833)
Op. 19 – Boléro en do majeur (1833)
Op. 20 – Scherzo n°1 en si mineur1831)
Op. 21 – Concerto pour piano et orchestres°2 en fa mineur(1829)
Op. 22 – Andante spianato et grande polonaise brillante (1830)
Op. 23 – Ballade n°1 en sol mineur(1835)
Op. 24 – Quatre mazurkas(1833)
Op. 25 – Douze études (1833)
Op. 26 – Deux polonaises(1831)
Op. 27 – Deux nocturnes (1833)
Op. 28 – Vingt quatre préludes(1838)
Op. 29 – Impromptu n°1 en la bémol majeur (1837)
Op. 30 – Quatre Mazurkas(1836/7)
Op. 31 – Scherzo n°2 en si bémol mineur(1835/7)
Op. 32 – Deux nocturnes(1835)
Op. 33 – Quatre mazurkas(1836)
Op. 34 – Trois valses (1831)
Op. 35 – Sonate pour piano en so bémol mineur (1839)
Op. 36 – Impromptu n°2 en fa dièse majeur(1839)
Op. 37 – Deux nocturnes(1837/9)
Op. 38 – Ballade n°2 en fa majeur(1839)
Op. 39 – Scherzo n°3 en do dièse mineur(1839)
Op. 40 – Deux polonaises (1838)
Op. 41 – Quatre mazurkas(1838)
Op. 42 – Grande valse en la bémol majeur (1839)
Op. 43 – Tarantelle en la bémol majeur (1841)
Op. 44 – Polonaise en fa dièse mineur (1841
Op. 45 – Prélude en do dièse mineur (1838)
Op. 46 – Allegro de concert en la majeur (1832)
Op. 47 – Ballade n°3 en la bémol majeur (1841)
Op. 48 – Deux nocturnes (1841)
Op. 49 – fantaisie en fa mineur (1841)
Op. 50 – Trois Mazurkas(1841)
Op. 51 – Impromptu n°3 en sol bémol majeur (1842)
Op. 52 – Ballade n°4 en fa mineur (1842)
Op. 53 – Polonaise en la bémol majeur (« Héroïque »)(1842)
Op. 54 – Scherzo n°4 en mi majeur(1842)
Op. 55 – Deux nocturnes(1843)
Op. 56 – Trois mazurkas(1843)
Op. 57 – Berceuse en ré bémol majeur (1844)
Op. 58 – Sonate pour piano n°3 en si mineur(1844)
Op. 59 – Trois Mazurkas (1845)
Op. 60 – Barcarolle en fa dièse majeur (1846)
Op. 61 – Polonaise-fantaisie en la bémol majeur (1846)
Op. 62 – Deux nocturnes(1845)
Op. 63 – trois Mazurkas(1846)
Op. 64 – Trois valses (1840) no 1 en ré bémol majeur dite « Valse du petit chien » ou «Valse minute » n°2 en do dièse mineur n°3 en la bémol majeur

– Opus posthume

Op. 66 – Fantaisie-impromptu en do dièse mineur (vers 1843)
Op. 67 – Quatre mazurkas (1830)
Op. 68 – Quatre mazurkas (1830)
Op. 69 – Deux valses
no 1 en la bémol majeur dite « Valse de l’adieu » (1835)
no 2 en si mineur (1829)
Op. 71 – Trois polonaises (1824)
Op. 72 no 1 – Nocturne en mi mineur
Op. 72 no 2 – Marche funèbre en do mineur
Op. 72. no 3 – Trois écossaises (vers 1829)
Op. 73 – Rondeau pour deux pianos en do majeur (1828)
Op. 74 – Dix-sept mélodies polonaises (1828 ; éd. 1855)

– Œuvre sans opus

Polonaise en sol mineur (1817)
Polonaise en si bémol majeur (1817, publiée en 1947)
Polonaise en la bémol majeur (1821)
introduction et variations sur un air national allemand en mi majeur (1824)
Polonaise en sol dièse mineur (1824)
Mazurka si bémol majeur (1825/26)
Mazurka sol majeur (1825/26)
Variations pour piano à quatre mains en ré majeur (1825/26)
Polonaise en si bémol mineur (1826)
Contredanse en sol bémol majeur (1827)
Nocturne en mi mineur (1828/30)
Souvenir de Paganinien la majeur (1829)
Mazurka en sol majeur(1829)
Valse en mi majeur (1829)
Valse en mi bémol majeur (1829)
Mazurka avec partie vocale en sol majeur (1829)
Valse en la bémol majeur (1829)
valse en mi mineur (1830)
Czary avec partie vocale (1830)
Polonaise en sol bémol majeur (1830)
Nocturne n°20 en do dièse mineur (1830)
Mazurka en si bémol majeur (1832)
Mazurka en ré majeur (1832)
Mazurka en do majeur (1833)
Cantabile en si bémol majeur (1834)
Mazurka en la bémol majeur (1834)
Presto con leggierezza (Prélude) en la bémol majeur (1834)
Marche funèbre en do mineur (1837)
Nocturne en do mineur Valse en la mineur (entre 1843 et 1848, publiée en 1955)
Valse en mi bémol majeur Largo en mi bémol majeur Fugue en la mineur ( 1898)
Moderato (Feuille d’Album) en mi majeur ( 1910)
Galop (Galop Marquis) en la bémol majeur (1846)

Je tiens à vous mentionner que certaines œuvres ont demandé plusieurs années au compositeur afin d’aboutir à un travail satisfaisant ; les dates correspondent aux prémisses de ses ouvrages, de ce fait, elles sont donc à prendre avec des pincettes.

Mes très chers lecteurs, il est fort probable que j’aborde ultérieurement une œuvre du compositeur, car ne pas élaborer avec minutie et passion les merveilles musicales de Frédéric Chopin serait comme vous cacher l’existence de la lumière et vous maintenir dans la pénombre à la lueur de la bougie.

Les blessures de Frédéric Chopin

L’oppression Russe de 1831 en Pologne fut une blessure inguérissable pour Chopin ; plusieurs pièces de son répertoire sont directement liées à cette tragédie comme par exemple l’étude révolutionnaire qui met en scène les bombardements de Varsovie, ou tout simplement ses Polonaises en hommage à ses terres natales.
Le patriotisme incommensurable de Frédéric Chopin a su donner des ailes au génie de celui-ci, comme son ami Frank Liszt le mentionnera par la suite.
Chopin s’installe à Paris en 1831, il y passera pratiquement toute sa vie.
A cette période, Paris est la capitale culturelle du monde, il se lie d’amitié et d’amour avec le tout paris : des aristocrates, des musiciens, des écrivains, des peintres, entre autre avec Franz Liszt, Berlioz, Delacroix, ou encore George Sand qui deviendra sa femme.

Chopin compose la majeur partie de ses travaux en France ; en revanche, son amour profond et sans limite pour son pays natal ne le quittera jamais. La Pologne restera une source d’inspiration toute sa jeunesse.
La musique de Chopin est immédiatement reconnaissable par sa singularité aristocratique, et est fort loin d’une forme populaire et folklorique.
Frédéric Chopin a su comme personne rendre ses polonaises universelles, avec une forme d’écriture raffinée et élégante, où la mélancolie et ses blessures passées vivent et vivront à jamais.

Le pianiste Frédéric Chopin

Très jeune, Chopin se révèle incontestablement très doué. A l’âge de 5 ans, ses parents décident de confier sa formation musicale à un musicien tchèque, de formation violoniste, qui gagne sa vie en enseignant le piano à de riches familles de Varsovie.
Frédéric Chopin est souvent comparé à Mozart, jeune pianiste prodige.
Chopin se produit très régulièrement dans les cercles mondains de l’élite de Varsovie.
Seulement âgé de huit ans, Frédéric joue avec un orchestre ; cette prestation sera remarquée et évoquée par la presse locale.
Il jouera devant le duc de Constantin, également devant la Cantatrice Catalini qui lui offrira une montre en or.
Frédéric Chopin saura s’intégrer à ce monde mondain dans lequel il sera initié dès le plus jeune âge, il se familiarisera avec les codes et les bonnes manières.
Par la suite, Frédéric Chopin entre au conservatoire, le jeune pianiste apprend la rigueur dans la composition, et compose sa première sonate en do mineur.
A cette période, le musicien compose également deux polonaises à fonctions tonales très simples.

Je tiens également à mentionner qu’à cette période en 1827, sa cadette Emilia meurt en deux mois de la tuberculose ; c’est probablement à ce moment-là que Frédéric contractera la maladie qui ne le quittera jamais.
Cette période est également celle des premiers sentiments amoureux.
Dans une lettre écrite à un ami, voici ses dires :

« J’ai peut-être pour malheur trouvé mon idéal, il y a déjà six mois que j’en rêve chaque nuit et je ne lui ai pas encore adressé la parole ».

Des sentiments cachés par Frédéric Chopin à l’égard d’une jeune cantatrice du conservatoire Constance Gladkowska, à qui il ne déclarera jamais son amour secret ; il se contentera de l’accompagner au piano, et lui composera la valse op 70 n°3.
Sa pudeur et sa discrétion font parties de sa personnalité ; un jeune pianiste virtuose, brillant, mais qui garde une forme de mystère et de distance vis-à-vis du monde qui l’entoure.

Frédéric Chopin accroit sa popularité, et d’autres éléments contribuent à faire de ce prodige un musicien professionnel reconnu.
A la fin de cette période, Chopin désire donner un véritable concert en public rémunéré, ce sera d’ailleurs sa première improvisation en public.
Varsovie proposera de nombreux concerts et opéras qu’il suivra attentivement.
Pour anecdote, il assistera à une représentation du « Barbier de Séville » qu’il critiquera sans aucune retenue.

« J aurai assommé Colli, il chantait faux à faire peur ».

Frédéric Chopin découvre la modernité et de nouvelles possibilités musicales en vogue. Abasourdi par l’extrême virtuosité de Paganini, Chopin se met à composer ses premières études.
Il se rend pour la première fois à Vienne, fin août 1830, et y fait « fureur ».
Ce court séjour ne lui suffit pas, il recevra d’ailleurs une lettre de Constance Gladkowska qui lui écrit:

« Pour faire la couronne de ta gloire impériale, tu abandonnes les amis chers et la famille bien aimée, ensuite les étrangers pourront mieux te récompenser et t’apprécier ».

Chopin à Vienne

Chopin se rend a Vienne pour la deuxième fois en espérant renouer le succès de son dernier voyage. Il assistera à plusieurs représentations et opéras.
Malheureusement, la reconnaissance du public n’est pas au rendez-vous ; malgré tout, Chopin composera quelques-unes de ses études opus 10, mais également le premier scherzo en si mineur qui reflète si bien les deux personnalités de Chopin : une rafale de colère et une forme de douceur angélique.

« Le déchaînement de la haine et le comble de la tendresse, un thème sauvage et une harmonie paisible, comme immobile ».

Déçu et à cour de moyen financier, Chopin quitte Vienne pour Paris en espérant séduire le plus grand nombre.

Chopin à Paris

En 1831, Chopin s’installe dans le quartier bohème et artiste au boulevard de la poissonnière.Chopin enseigne le piano dans la capitale aux aristocrates en exil et au milieu très fermé parisien.
Par la suite, il déménage dans une petite cité bergère plus adaptée et consacre tout son temps à l’enseignement ce qui lui permettra une certaine aisance financière et matérielle.
Frédéric Chopin fait parti de la plus haute société, il côtoie les plus grands noms de tous les milieux artistiques musicien, compositeur, écrivain, peintre.

« Je fais partie de la plus haute société, j’ai ma place marqué au milieu des ambassadeurs, des princes, et des ministres ».

Durant cette période, les romantiques sont actifs dans tous les domaines.
Victor Hugo écrit notre dame de Paris, Balzac écrit ses oeuvres majeures, Delacroix innove et traduit le romantisme en peinture.
Le piano est pratiqué par les plus grands virtuoses Liszt, Hiller, Herz ; ils feront de Paris la capitale mondiale des pianistes.

Frédéric Chopin est un compositeur respecté et admiré par tous les grands pianistes de son époque. Liszt s’enthousiasme avant tout pour ses oeuvres et devient aussitôt un de ses fervents admirateurs.

Durant cette période de guerre entre les classiques et les romantiques, Frédéric Chopin est de plein pied dans la modernité. Berlioz se définissant comme un compositeur classique, est pourtant un fervent admirateur de Frédéric. Schumann, également, lui voue une admiration sans limite.
Chopin ne côtoie pas seulement le milieu musical, il deviendra également l’un des plus proches de Delacroix en 1835.

A cette période, Liszt, Mendelssohn, Chopin forment la tête du pont romantique musical parisien.
Entre 1831 et 1835, Chopin est un polonais vivant en France qui a quitté son pays d’origine.

En 1835, il obtiendra la nationalité française.
Vers 1840, Frédéric Chopin donne très peu de concerts car il n’apprécie pas de se produire en public contrairement à Franz Liszt qui lui a des aptitudes remarquables pour improviser en public. Malgré tout, il se produira devant le roi Louis Philippe curieux d’entendre le Polonais ; il jouera ses études et ses Nocturnes, ce sera un triomphe.

En 1841, il donne un concert merveilleux chez Pleyel, en présence de Franz Liszt.
Il ne donnera pas d’autres concerts les années suivantes.
George Sand écrit ceci :

«Il ne veut pas d’affiches, il ne veut pas de programme, il ne veut pas de trop nombreux public. Il est effrayé de tant de choses, que je lui propose de jouer aux chandelles sans auditeur, sur un piano muet.»

Frédéric Chopin préfère jouer en petit comité pour ses amis, au cours de nombreuses soirées dans son appartement privé.

Chopin et George Sand

De 1838 à 1847, Frédéric Chopin sera le compagnon de l’écrivain George Sand, plus exactement Aurore Dupin de Franceuil, une jeune baronne mère de deux enfants de 34 ans, fortunée de naissance.
Ils mènent un vie mondaine, une admiration réciproque l’un pour autre.
A la demande de celle-ci, une rencontre fût organisée. Chopin, qui n’a pas sa langue dans poche, dira le soir même :

« Qu’elle est antipathique cette Sand, est-ce bien une femme ? J’arrive à en douter ».

Après maintes relances, de propositions de diners et de voyages, Frédéric Chopin finira par céder.
Chopin et Sand se fréquenteront très peu au début, mais leurs déceptions sentimentales passées les rapprocheront.
A leur rencontre, Chopin est âgé de vingt huit-ans mais semble bien plus jeune, George quant à elle a trente-quatre ans.

D’après ses correspondances, l’amour de George Sand à l’égard de Frédéric est plutôt maternel. George évoque de « faire son devoir ».

Tout cela tombe à merveille, car l’état de Frédéric Chopin se dégrade considérablement à cette période. Ils vont rester ensemble pendant neuf ans.
En quête de solitude, le couple et les enfants de George décident de voyager entre autre aux îles Baléares où d’ailleurs Chopin composera sa première ballade, puis à Majorque.
Le couple vivra dans un premier temps loin du milieu aristocratique parisien, à l’écart des rumeurs.

Chopin cachera à ses proches son voyage, seuls quelques amis sont au courant.
Le couple vivra « dans la maison du vent » une villa située à Establiments.
Malgré un début de séjour fort plaisant, Frédéric est atteint d’une violente bronchite. A l’arrivée de l’hiver, les médecins lui décèlent la tuberculose.
Ils doivent quitter la villa, et se réfugient dans le monastère de Valldemossa.
Il y composera ses vingt-quatre préludes op 28 et sa deuxième ballade ; sa santé se détériorant considérablement, ils rentrent sur Paris.

Les oeuvres de Chopin à Nohant

Avant de continuer le parcours de vie de Frédéric Chopin, je souhaiterai vous faire part des œuvres qu’il va composer les étés à la villa de Nohant.
Cette maison bourgeoise sera témoin de la naissance des plus grands chefs d’œuvres pianistiques du compositeur mentionnés ci-dessous :

 

 

Été 1839

Sonate funèbre op.35
2ème impromptu op.36
Nocturne op.37 n 2
3ème scherzo
Trois études posthume
Trois mazurka op.41

Été 1841

Tarentelle op.43
Polonaise op.44
Prélude op.45
3ème ballade
Deux nocturnes op.48
Fantaisie op.49

Été 1842

3éme impromptu op.51
4éme ballade op.52
Valse op.70 n2
Trois mazurkas op.50
6ème polonaise
4ème scherzo op.54

Été 1843

Deux nocturnes op.55
Trois mazurkas op.56
Berceuse op.57

Été 1844

Sonate op.58

Été 1845

Trois mazurkas op.59
Barcarolle op.60
Polonaise fantaisie op.61

Été 1846

Deux nocturnes op.62
Trois mazurkas op.63
Deux valses op.64

De 1839 à 1846, Frédéric Chopin passera sept étés à Nohant ; mais à partir de 1847, le couple se fane, la magie de leur passion des débuts s’assombrit considérablement, la maladie de Frédéric Chopin posant beaucoup de problèmes, également dans leur intimité, selon les dires de George :

« Il y a sept ans que je vis comme une vierge avec lui et les autres« .

Le couple finira par se séparer, ils ne se reverront qu’une seule fois par hasard.

La santé de Frédéric Chopin

En 1842, la santé bancale de Chopin se détériore. De plus, il subit trois bouleversements importants.
Un de ses amis d’enfance médecin polonais exilé meurt comme sa sœur de la tuberculose âgé seulement de trente-trois ans. Chopin le veillera jusqu’à son dernier souffle.
Puis vient le décès de son premier professeur de piano.
Et le décès de son père Nicolas qui avait précisé avant sa mort de faire ouvrir son corps avant de l’inhumer de peur de se réveiller dans sa tombe.
A savoir que cette préoccupation tourmentera également Frédéric à la fin de sa vie.

A la suite de ces violents chocs émotionnels, Chopin tombera dans une phase de dépression, essayant malgré tout de dissimuler sa douleur à ses proches.

« J’ai déjà survécu à tant de gens plus jeunes et plus forts que moi, qu’il me semble être éternel. Ne vous inquiétez jamais de moi. Dieu étend sa grâce ».

Malgré ses dires, Chopin décline de façon évidente.
Entre la grippe qui l’abat pendant l’hiver et la phtisie qui progresse, le compositeur est de plus en plus affaibli.

Oeuvres coup de cœur ATZ Music

Très souvent lors d’interviews, les artistes sont très régulièrement confrontés à cette fameuse question :

« Et si vous partiez sur un ile déserte, quelles œuvres amèneriez-vous avec vous ? »

Eh bien sans hésitation, je vous répondrai les quatre ballades de Chopin.
Car dans cet ouvrage, il y a tout ce dont la musique a besoin ; bien entendu, cela n’engage que moi, mais l’essentiel y est.
Toutes les couleurs, toutes les teintes possibles et inimaginables sont présentes dans ce recueil.

Je souhaiterai vous faire découvrir la première ballade qui est un voyage délicieux.

Ballade n°1

Composé entre 1831 et 1835, cette œuvre d’art au sens propre du terme sera dédiée au Baron Stockhausen.
D’après les témoignages, sa première ballade était sa préférée, elle était également tout particulièrement appréciée par Schumann.
Liszt percevait en cette pièce pianistique « une odyssée de l’âme de Frédéric Chopin ».
Cette pièce est un vrai chef d’œuvre, les couleurs sont juste élaborés avec raffinement et délicatesse, la pièce n’a de cesse de se développer tout le long de l’ouvrage.

– Une introduction qui crée une ambiance toute particulière en lévitation, neutre, ni belle ni laide au service de la suite de l’œuvre.
Les prémisses instaurent cette incertitude émotionnelle, une introspection, une remise en question, amènent avec raffinement petit à petit une affirmation, l’introspection évolue avec un grand crescendo, une conclusion s’installera au gré des souvenirs.

– Une merveilleuse phrase musicale se lance avec retenue dans un première temps, plus fortissimo la deuxième fois engendrera une passion, comme une sorte de cri de l’âme, sombre, déchirant d’injustice ; les arpèges à la main droite se déploient et amèneront sur la deuxième partie de l’ouvrage comme une délivrance.

– Une sorte d’abandon de toute forme de noirceur, où l’échange s’exaltera avec sérénité et douceur.
Au gré des souvenirs passés, comme un regret de n’avoir abouti, mais la peine a ses raisons.
La deuxième partie se développe, mènera à un grand crescendo, l’honneur ressenti dans ce passage est noble et raffiné.

– Puis Chopin reprendra avec une ornementation différente l’exposition du thème du tout début de l’ouvrage, celui-ci sera mené différemment afin d’amener l’auditeur dans un tourbillon d’injustice et de colère.

– Puis une fantaisie pianistique naîtra, un éclat lumineux virtuose, comme pour se protéger d’une douleur personnelle, comme un refuge exempté de souffrance, puis sera suivie d’une grande gamme descendante, et la re-position du sujet se fera nettement ressentir dans le désir formel de garder l’auditeur attentif.

– Une réexpédition de la seconde partie, encore une fois ornementée différemment.
Le thème est toujours présent, la main gauche est bien plus fournie comme pour mettre en avant le désespoir, s’en suivra un grand decrescendo.

– Il réexportera le sujet de l’introduction manipulé encore une fois différemment avec plus de respiration afin de mener au final qui sera le feu d’artifice.
Une libération, un cri de délivrance comme une danse où les deux danseurs finiraient leur représentation désarticulés.

– La pièce se mourra malgré de grandes gammes virtuoses entreprisent aux deux mains comme un dernier cri, un dernier souffle.
Et cette descende chromatique en octave aux deux mains.
À bout de force, l’œuvre laisse sous-entendre la douleur du compositeur sur ce dernier accord qui met un point final à l’œuvre.

Les dernières années du Pianiste

En 1847, après sa rupture avec George Sand, la santé de Frédéric Chopin se dégrade considérablement, il part malgré tout se produire en Angleterre, en Écosse, mais ce voyage est très éprouvant pour sa santé.
La ville de Londres est fortement nocive, suite aux pollutions.
Frédéric se produira, il retrouvera son ami Berlioz, et jouera devant la reine Victoria et le Prince Albert, ce qui lui rapporte une renommée outre-manche.
Ces représentations le fatiguent énormément, il se sent oppressé par la foule et l’enthousiasme des applaudissements :

« Elles finiront par m’étouffer par leur gentillesse et moi, par gentillesse je les laisserai faire ».

Chopin rentre à Paris très malade, et financièrement dans une situation délicate, car sa maladie entraine de nombreux frais.
Frédéric Chopin continue de donner des leçons de piano afin de subvenir à ses besoins, le plus souvent allongé sur une banquette ; le reste du temps, il le passe très souvent avec son ami Delacroix.

En pleine phase terminale de la tuberculose, à la suite d’une hémoptysie qui l’a terrassé en 1849, sa sœur ainée veille sur ses derniers jours à son chevet.

Frédéric Chopin mourra quelques semaines plus tard le 17 octobre 1849 place Vendôme à Paris à l’âge de trente-neuf ans.

Il sera enterré au cimetière du Père-Lachaise au son de sa célèbre marche Funèbre.

Conformément à ses bons vouloirs, son cœur sera ramené à Varsovie sous un cénotaphe encastré dans un mur de l’église de Sainte-Croix.
Tout comme son père en fit la demande avant son décès, il reproduira la tradition capétienne de la bipartition du corps.

Merci à tous mes lecteurs

 

Bien musicalement,

Anthony

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